Entre l’obligation et l’inspiration : pourquoi les RH cherchent l’information

Sans grande surprise, les RH jonglent entre deux impératifs. D’abord, rester dans les clous réglementaires. Ensuite, renouveler leurs approches.

Près de 86% des sondés mentionnent leur besoin de « rester à l’affût des innovations » comme moteur principal. Hervé Rioche de GERESO le confirme sans détour : « Les RH s’informent surtout quand ils y sont contraints par une obligation ou une date butoir. C’est souvent la peur du risque qui les fait bouger. »

Mais ils ne cherchent pas uniquement à se couvrir. Développer leurs compétences personnelles et nourrir leur réflexion stratégique motivent chacun plus de 70% des répondants. Le fameux « benchmark » des pratiques d’autres entreprises (61%) reste incontournable, particulièrement pour les RH isolés dans des structures plus modestes.

Les sujets qui tiennent les RH en haleine

Notre enquête dessine une cartographie assez nette des centres d’intérêt actuels :

• Le bien-être au travail écrase tout sur son passage avec 92% des RH « intéressés ou très intéressés ». L’héritage covid continue de façonner les priorités.
• La formation et le développement des compétences (90,5%) restent un pilier qui profite à plein de l’accélération digitale.
• L’engagement et l’expérience collaborateur (89%) talonnent de près le recrutement et la marque employeur (87,3%).

Fait notable, l’IA et les technologies RH fascinent particulièrement les têtes pensantes de la fonction – tous les DRH interrogés s’y intéressent fortement.

Contre toute attente, la RSE et l’impact social ferment la marche (68%). Sébastien Blériot de Culture RH l’explique sans détour : « Le sujet RSE tombe souvent sur les RH par défaut, c’est plus un fardeau qu’un choix délibéré. »

Quand et comment ? Les rituels informationnels des RH

Les moments privilégiés pour s’informer varient, avec une préférence pour le soir après le travail (52,4%), pendant les heures de bureau (49,6%) ou avant d’attaquer la journée (47,6%).

Le temps reste la denrée la plus rare, la moitié des répondants n’y consacrant qu’une heure hebdomadaire ou moins. Cette contrainte pousse naturellement vers des formats courts et digestes.

Les formats qui cartonnent en 2025

Malgré la montée en puissance de l’audio et de la vidéo, l’écrit garde une place solide :

• LinkedIn règne sans partage (87,5%)
• Les articles de blogs spécialisés gardent la cote (72%)
• Les newsletters résistent bien (53%)
• Les livres blancs et études conservent leur public (47%)

Le podcast s’est imposé comme incontournable, surtout chez les décideurs : tous les DRH interrogés en écoutent régulièrement.

La vidéo gagne du terrain (41%), avec une préférence marquée pour les formats courts qui « répondent parfaitement au manque chronique de temps des RH », comme le souligne Maud Grenier du Temple RH.

De consommateurs à créateurs : la bascule

Un virage majeur se dessine : les RH ne se contentent plus d’absorber passivement du contenu. Notre étude montre que 47% sont déjà dans une démarche de création (9% comme créateurs réguliers, 38% comme contributeurs occasionnels), et 27% supplémentaires aimeraient s’y mettre.

Ce changement traduit l’évolution profonde de la posture RH, qui délaisse sa traditionnelle discrétion pour une présence plus affirmée. Hervé Rioche le constate : « Les RH ont désormais une mission de communication. Ils se sentent investis d’un nouveau rôle : porter les couleurs de l’entreprise. »

Demain, le contenu RH entre techno et chaleur humaine

Deux tendances majeures se dessinent pour l’avenir :

• L’hyper-spécialisation des contenus, avec l’émergence de communautés autour de problématiques très pointues. Hervé Rioche observe : « On voit une fragmentation des sujets. Les grands domaines comme le recrutement ou la paie se subdivisent en niches de plus en plus précises. »
• L’équilibre délicat entre technologie et dimension humaine. Laura Belconde résume : « Plus on digitalise, plus on doit valoriser l’humain. C’est incontournable. »

Face à l’IA, qui suscite autant d’enthousiasme que de méfiance (seuls 50% des RH accordent leur confiance aux contenus générés par l’intelligence artificielle), l’authenticité et l’incarnation s’imposent comme des valeurs phares pour le contenu RH de demain.

Pour conclure

À mesure que la fonction RH poursuit sa mue stratégique, les contenus qu’elle consomme et produit reflètent ses ambitions et défis. Les créateurs doivent donc relever un triple pari : marier profondeur et accessibilité, expertise technique et chaleur humaine, innovation et fiabilité.